Onument: un lieu où l'on peut à la fois exprimer sa tristesse

Lieu symbolique

Uus a consciemment décidé d'appeler ces monuments Onuments. Pour les rendre plus ouverts, plus légers et plus aérés, et pour mettre l'accent sur l'accessibilité. Bas et Uus - soutenus par l’asbl Kunstwerkt, la psychologue Elke Van Hoof et Moving Closer - ont réfléchi aux lieux, obtenu des subventions du ministre de l'Intérieur Bart Somers et créé un premier Onument à Courtrai, qui a été inauguré en juin 2021.

"Chaque ville, municipalité ou organisation peut faire une demande. Ensuite, nous cherchons ensemble un emplacement approprié. Parce qu'il doit y avoir suffisamment de symbolisme", dit Bas. À Courtrai, ils ont d’amblée aimé le site du cimetière du Haut Courtrai. "Ici, le monument est intégré dans la verdure. Il est situé pour moitié dans le cimetière et pour moitié dans une réserve naturelle. Comme entre la mort et la vie."

C'est précisément cette signification qui donne de la valeur à l’Onument, estime Uus : "Oui, un Onument peut signifier quelque chose. Oui, nous pouvons faire la différence ! Les Onuments peuvent faire la différence. Un nouveau terme et une nouvelle forme conceptuelle constituent une base pour aborder le deuil d'une manière différente. Cette nouvelle voie est celle de l'ouverture. Ouverture à l'autre et à l'air libre, avec optimisme. La mort ne doit plus être repoussée dans l'arrière-boutique ou dans un funérarium. Le deuil ne doit plus contraindre les gens à se replier sur eux-mêmes ou dans le cocon de la maison. Il y a dorénavant un endroit pour faire son deuil. Un Onument est comme une brassard de deuil noir, déposé dans la nature. Une invitation au recueillement. Un nouveau langage, qui incite et invite à plus d'ouverture et de connexion, est pour moi l'essence même d'un Onument."

13 éléments en béton de caractère

Cet Onument se compose de deux demi-cercles de 13 éléments en béton préfabriqué poli de belle qualité. 13 éléments, car ce nombre réfère à la date du premier confinement le 13 mars 2020. Assemblés, ils forment un O - un signe d'unité et de solidarité – incomplet, qui s’ouvre à la nature. Bas : "Tout comme le virus a mis nos vies en suspens, la nature le fait ici. Je veux montrer la puissance de la nature. Par l’usage des matériaux , l’œuvre a une certaine lourdeur. Mais le concept et l’emplacement lui donnent aussi une certaine légèreté. C'est un lieu où l'on peut à la fois exprimer sa tristesse et trouver la paix ensemble."

Un partenaire de confiance

Bas a déjà travaillé avec Ebema, et avec plaisir. "Auparavant, il s'agissait surtout de la fabrication "normale" de produits en béton, de la gamme standard en quelque sorte. Cette fois, il s'agissait d'un travail sur mesure. Je n'avais pas encore exploré ce talent d'Ebema. Mais il y avait quand même un clic. J'avais donc toute confiance en eux. "

La réalisation du premier monument a eu lieu en quelques semaines à peine. "Il fallait soudainement aller vite si nous voulions faire l'inauguration officielle le 20 juin. Le professionnalisme et l'enthousiasme sont cruciaux dans une telle situation. Heureusement, j'ai remarqué dès le début que tous les partenaires témoignaient un même niveau d’engagement et d’impatience à se lancer dans ce projet. Ebema n'a pas fait exception. Ils m'ont même fait savoir qu'ils venaient d'acheter une nouvelle machine pour polir même les parties les plus difficiles des éléments en béton. C'était pratique."

Collaboration

"Au départ, je voulais réaliser la finition en pierre naturelle, mais le temps nous manquait. Ebema m'a donc aidé à chercher une alternative tout aussi particulière". Finalement, c’est l'émeraude de Norvège qui a été utilisée pour les granulats. Cela donne un bel effet vert en combinaison avec le béton noir.

"Ebema a dû agir très rapidement pour s'emparer de ce matériau, sachant que la carrière en Norvège n'est accessible que six mois par an. Mais ils ont réussi, et ont livré les échantillons à un collègue d'Arlon qui a pu me les présenter en France. Ensemble, nous avons réussi : nous avons respecté le délai serré et produit un très beau travail."

Des perspectives agréables

Des perspectives agréables

Bas est déjà très satisfait de ce premier monument. Il donne le départ à une série d'œuvres réparties dans toute la Belgique. "Nous sommes en contact avec de nombreuses villes ou municipalités et visitons beaucoup d'endroits pour le bon emplacement. À chaque fois, il s'agit de deux demi-cercles, rompus par la nature mais ils diffèrent par leur taille, leur conception exacte, etc. L'intérêt est grand, ce qui prouve une fois de plus à quel point notre société a besoin de telles initiatives. C’est ce que fait l’homme depuis toujours : donner une signification à un lieu, laisser des traces pour les générations suivantes, donner une place à la tristesse, … Bien que la conception de monuments ne soit pas mon métier principal - en tant qu'architecte paysagiste, je crée surtout des espaces publics - le développement de cette idée est une exception remarquable à la règle."

Souhaitez-vous le visiter ?

Il est évidemment possible de visiter l’Onument et le charmant cimetière du Haut Courtrai ! Programmez votre GPS et rendez-vous à pied, à vélo ou en voiture au Cimetière du Haut Courtrai, Ambassadeur Baertlaan, 8500 Courtrai. Nous vous souhaitons une belle découverte !